montségur
Implanté sur le front nord des Pyrénées, à 1 207 m d’altitude au sommet d’un piton rocheux (le pog), le château de Montségur s’impose comme la plus haute des forteresses royales du Languedoc. Si le souvenir des cathares plane encore sur le site, la forteresse actuelle témoigne de la nouvelle autorité du roi de France sur le territoire, à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle.
Le château est situé sur la commune de Montségur, dans le département de l’Ariège.
SITUATION PAYSAGÈRE ACTUELLE
AU CHÂTEAU DE MONTSÉGUR
Situé aux confins orientaux du département de l’Ariège, à la limite de l’Aude, le château de Montségur se dresse à 1207 m d’altitude au cœur du Pays d’Olmes sur le front nord-pyrénéen. Ce territoire aux caractéristiques très fortement montagnardes est marqué au nord par le piémont pyrénéen où les chaînons calcaires du Plantaurel ne dépassent guère 1 000 m d’altitude, et, au sud, par la masse de la montagne de Tabe, qui culmine à 2 368 m, au pic de Soularac.
Le château de Montségur est lui-même implanté au sommet d’une crête rocheuse, sur un piton particulièrement abrupt côté nord. C’est le fameux pog de Montségur. Une appellation dérivée du latin podium, qui désigne une petite éminence, une colline ou une montagne. L’ensemble de la crête est composé de calcaires compacts du secondaire (ici urgo-aptien), qui générèrent partout des reliefs de failles, gorges et falaises. Dans ce cas précis, le site est, en plus, celui d’un chevauchement le long de la grande faille nord-pyrénéenne. Il a soulevé des écailles calcaires au contact du massif ancien de Tabe, l’écaille de Montségur en est la plus spectaculaire, surplombant la vallée de plus de 500 m.
Une position géographique privilégiée
La position dominante du site offre au nord, vers la plaine, un panorama exceptionnel dont l’horizon est la Montagne Noire, à près de 70 km. Au premier plan se dessinent les chaînons successifs des montagnes boisées sous-pyrénéennes, puis le Plantaurel et les villes de Lavelanet et Laroque-d’Olmes. Les collines aquitaines et les Corbières occidentales sont pleinement visibles au nord-est, tandis que le regard porte au nord-ouest jusqu’à la plaine de l’Ariège.
Le climat est principalement océanique et montagnard mais avec des influences méditerranéennes. En effet, la position avancée du massif de Tabe entraîne de forts contrastes et des précipitations abondantes. (950 mm/an à Bélesta, 1 320 mm/an à Montségur). Cette situation est propice au développement de la forêt, végétation la plus marquante du paysage du Pays d’Olmes. Elle couvre près de 60 % de l’espace sur le front montagnard. Jusqu’à 70 % sur la bordure du Pays de Sault où le sapin constitue l’essence dominante.
Une position géographique privilégiée
La position dominante du site offre au nord, vers la plaine, un panorama exceptionnel dont l’horizon est la Montagne Noire, à près de 70 km. Au premier plan se dessinent les chaînons successifs des montagnes boisées sous-pyrénéennes, puis le Plantaurel et les villes de Lavelanet et Laroque-d’Olmes. Les collines aquitaines et les Corbières occidentales sont pleinement visibles au nord-est, tandis que le regard porte au nord-ouest jusqu’à la plaine de l’Ariège.
Le climat est principalement océanique et montagnard mais avec des influences méditerranéennes. En effet, la position avancée du massif de Tabe entraîne de forts contrastes et des précipitations abondantes. (950 mm/an à Bélesta, 1 320 mm/an à Montségur). Cette situation est propice au développement de la forêt, végétation la plus marquante du paysage du Pays d’Olmes. Elle couvre près de 60 % de l’espace sur le front montagnard. Jusqu’à 70 % sur la bordure du Pays de Sault où le sapin constitue l’essence dominante.
HISTOIRE
Le nom et l’histoire de Montségur sont irrémédiablement liés à la tragédie des cathares. Pourtant, la forteresse que l’on admire aujourd’hui, rebâtie sur ordre de Louis IX à partir du milieu du XIIIe siècle, n’a jamais connu ces « bons hommes » et ces « bonnes dames » qui trouvèrent refuge au sommet du pog avant que les troupes royales ne s’en emparent. Trois châteaux semblent en tout cas s’être succédé à Montségur au fil de l’histoire. Ils sont respectivement nommés I, II et III par les archéologues et les historiens.
« MONTSÉGUR I », MENSONGE OU RÉALITÉ ?
Le 30 avril 1244, Raymond de Péreille est interrogé par l’inquisiteur dominicain Ferrer. Ce jour-là, il assure à l’inquisiteur, qu’une quarantaine d’années auparavant, il a reconstruit le castrum de Montségur, alors « à l’état de ruine », et l’a fait à la demande pressante des dignitaires de l’Église cathare, présents à Mirepoix. En réalité, ce « Montségur I », comme les archéologues ont pris l’habitude de désigner cette place-forte antérieure à celle qui abrita pendant quarante ans la haute hiérarchie cathare, n’a laissé aucune trace écrite ni aucun vestige archéologique.
Si l’on admet qu’un premier Montségur (en ruines en 1204) ait coiffé le pog avant la fin du XIIe siècle, on ne peut l’imaginer que comme simple poste militaire. En évoquant l’existence d’un premier Montségur, peut-être que Raymond de Péreille souhaitait minimiser son rôle dans la construction de ce refuge d’« hérétiques » ?
« MONTSÉGUR II », LE MONT SÛR DES CATHARES
L’existence d’une communauté cathare sur le pog de Montségur est attestée dès le début de la croisade des Barons (1206). Le castrum de Montségur est implanté au cœur de seigneuries acquises au catharisme. Il accueille la noblesse locale : la famille de Raymond de Péreille, mais également la hiérarchie épiscopale toulousaine et son diacre de Mirepoix. Pour fuir les persécutions, Guilhabert de Castres, l’évêque cathare de Toulouse, s’y installe en 1209. Il est accompagné de familles nobles du Lauragais. Si la population du pog diminue quelque peu à partir de 1216, se réappropriant peu à peu les terres reconquises aux croisés, elle augmente à nouveau au lendemain du traité de Meaux-Paris (1229). Ce dernier met fin à la croisade royale et annonce les débuts de l’Inquisition.
L’évêque Guilhabert de Castres revient alors en 1232 à Montségur, et en fait, « le siège et la tête » de l’Église cathare. Une importante communauté religieuse de « parfaits » et de « parfaites » se réfugie à ses côtés. Elles atteignent bientôt, plus de deux cents personnes. Quant à la population laïque, elle est constituée pour l’essentiel du clan seigneurial des Mirepoix-Péreille (avec leur famille et leur domesticité), de chevaliers faidits (seigneurs dépossédés de leurs biens par les croisés) avec leurs proches et leurs hommes d’armes. Tout ce petit monde vit donc désormais à l’abri, au sommet du « mont sûr » (traduction de l’occitan Montségur).
« MONTSÉGUR II », LE MONT SÛR DES CATHARES
L’existence d’une communauté cathare sur le pog de Montségur est attestée dès le début de la croisade des Barons (1206). Le castrum de Montségur est implanté au cœur de seigneuries acquises au catharisme. Il accueille la noblesse locale : la famille de Raymond de Péreille, mais également la hiérarchie épiscopale toulousaine et son diacre de Mirepoix. Pour fuir les persécutions, Guilhabert de Castres, l’évêque cathare de Toulouse, s’y installe en 1209. Il est accompagné de familles nobles du Lauragais. Si la population du pog diminue quelque peu à partir de 1216, se réappropriant peu à peu les terres reconquises aux croisés, elle augmente à nouveau au lendemain du traité de Meaux-Paris (1229). Ce dernier met fin à la croisade royale et annonce les débuts de l’Inquisition.
L’évêque Guilhabert de Castres revient alors en 1232 à Montségur, et en fait, « le siège et la tête » de l’Église cathare. Une importante communauté religieuse de « parfaits » et de « parfaites » se réfugie à ses côtés. Elles atteignent bientôt, plus de deux cents personnes. Quant à la population laïque, elle est constituée pour l’essentiel du clan seigneurial des Mirepoix-Péreille (avec leur famille et leur domesticité), de chevaliers faidits (seigneurs dépossédés de leurs biens par les croisés) avec leurs proches et leurs hommes d’armes. Tout ce petit monde vit donc désormais à l’abri, au sommet du « mont sûr » (traduction de l’occitan Montségur).
LE SIÈGE DE MONTSÉGUR
Ni le roi de France, ni le pape, ne peuvent tolérer cette place-forte hérétique. Elle défie leur autorité et envoie régulièrement des « parfaits » diffuser leur croyance en Toulousain, Lauragais ou Carcassès. En 1242, suite à l’assassinat de deux inquisiteurs à Avignonet-Lauragais par des chevaliers et sergents de Montségur, le pape demande à Louis IX (futur Saint-Louis) « d’en finir avec cette synagogue de Satan ».
Le sénéchal du roi à Carcassonne lève aussitôt une armée. L’expédition est placée sous l’autorité spirituelle de l’archevêque de Narbonne. Le siège commence au printemps 1243. L’attaque démarre côté sud-ouest. Après plusieurs échecs, les assaillants découvrent un point faible à l’extrémité orientale de la crête rocheuse. Peu avant Noël, au terme d’une périlleuse escalade nocturne, ils réussissent à s’emparer du poste de surveillance du Roc de la Tour. Les catapultes, trébuchets et autres armes de guerre sont alors acheminés, en pièces détachées.
Durant deux mois, mètre après mètre, les croisés parviennent à gagner les abords immédiats du castrum. L’assaut est donné à la fin du mois de février. Il est repoussé. Pierre-Roger de Mirepoix, conscient que si une nouvelle attaque réussit, il s’ensuivra un massacre général, négocie la reddition de la place. Les laïcs auront la vie sauve, ainsi que les « parfaits » et les « parfaites » qui abjureront. Une trêve de 15 jours à compter du 1er mars est accordée aux défenseurs avant la reddition. Le 16 mars, après dix mois de siège, Montségur est remis entre les mains du sénéchal, tandis qu’un immense bûcher est dressé au pied de la montagne pour les cathares ayant refusé d’abjurer. Les chroniques disent qu’ils étaient au nombre de 225. Les sources documentaires ont permis d’en identifier précisément 68.
« MONTSÉGUR III », LA FORTERESSE DES LÉVIS
Après la chute de Montségur, le village « hérétique » est sans doute volontairement rasé par les croisés, comme l’ordonnaient la loi canonique et la loi civile. En juillet 1245, la place est remise à son nouveau seigneur, Guy II de Lévis, qui prête hommage au roi de France et se voit confier la construction d’une forteresse. À la différence des autres châteaux de la série, son édification n’est donc pas dirigée directement depuis la sénéchaussée de Carcassonne. Mais l’objectif reste le même : symboliser la mainmise du roi sur le territoire et garantir sa défense face à la couronne d’Aragon. Pour ce faire les maîtres d’œuvre de Guy II de Lévis entreprennent un vaste chantier sur les ruines de l’ancien castrum en utilisant les mêmes techniques architecturales que celles des autres forteresses royales de montagne, probablement dans le dernier tiers du XIIIe siècle.
Au cours des deux siècles suivants, les Lévis vont maintenir une garnison dans cette place militaire, stratégiquement bien placée sur la ligne de forteresses qui, par Roquefixade, Puivert et Quillan, court de Foix aux Corbières et de là à la mer. Si on s’en réfère à un document du 15 janvier 1476, Jean IV de Lévis doit, par ordre du roi, y tenir garnison et en assurer les réparations, avec six autres places-fortes du pays. En 1496, le château est encore dit « défensable ». Probablement abandonné dès le XVIe siècle, le site perd son intérêt stratégique avec la signature du traité des Pyrénées en 1659.
« MONTSÉGUR III », LA FORTERESSE DES LÉVIS
Après la chute de Montségur, le village « hérétique » est sans doute volontairement rasé par les croisés, comme l’ordonnaient la loi canonique et la loi civile. En juillet 1245, la place est remise à son nouveau seigneur, Guy II de Lévis, qui prête hommage au roi de France et se voit confier la construction d’une forteresse. À la différence des autres châteaux de la série, son édification n’est donc pas dirigée directement depuis la sénéchaussée de Carcassonne. Mais l’objectif reste le même : symboliser la mainmise du roi sur le territoire et garantir sa défense face à la couronne d’Aragon. Pour ce faire les maîtres d’œuvre de Guy II de Lévis entreprennent un vaste chantier sur les ruines de l’ancien castrum en utilisant les mêmes techniques architecturales que celles des autres forteresses royales de montagne, probablement dans le dernier tiers du XIIIe siècle.
Au cours des deux siècles suivants, les Lévis vont maintenir une garnison dans cette place militaire, stratégiquement bien placée sur la ligne de forteresses qui, par Roquefixade, Puivert et Quillan, court de Foix aux Corbières et de là à la mer. Si on s’en réfère à un document du 15 janvier 1476, Jean IV de Lévis doit, par ordre du roi, y tenir garnison et en assurer les réparations, avec six autres places-fortes du pays. En 1496, le château est encore dit « défensable ». Probablement abandonné dès le XVIe siècle, le site perd son intérêt stratégique avec la signature du traité des Pyrénées en 1659.
DESCRIPTION DU SITE
Le château de Montségur a été édifié entre la seconde moitié du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle. Il prend la place de l’ancien castrum cathare. La forteresse royale de Montségur se compose d’une vaste cour et d’un tour-maîtresse servant de logis. On y accède par sa face sud-ouest, au terme d’une ascension à pied de 30 minutes environ.
LA COUR
La cour du château, dont le tracé suit au plus près le contour du sommet rocheux, est entourée de murailles épaisses d’environ 2,50 m et hautes par endroits de 15 m. Percée dans le flanc sud-ouest, la porte d’entrée restaurée laisse apparaître les vestiges d’une bretèche, petit ouvrage défensif édifié en surplomb.
L’intérieur de la cour est aujourd’hui vide de tout bâtiment. Seuls quelques bases de murs au sol et les trous de boulins, où venaient s’encastrer les poutres supportant les étages supérieurs, permettent d’imaginer l’agencement original. Trois escaliers à volée droite, ménagés dans l’épaisseur des murs, donnaient accès au Chemin de ronde en partie conservé.
Le front oriental se caractérise par un « mur-bouclier » d’une épaisseur de 4 m et autrefois couronné de hourds. Cette défense est particulièrement soignée.
Elle montre que les bâtisseurs de la nouvelle forteresse royale avaient bien retenu la leçon du siège de 1244. Il n’était pas question de se laisser surprendre par une attaque venue de l’est !
LA TOUR-MAÎTRESSE
Situé au nord-ouest du site, le logis-donjon comportait sans doute à l’origine au moins un étage supplémentaire et n’était accessible que par le premier étage. La porte haute que l’on distingue aujourd’hui côté cour était vraisemblablement reliée au chemin de ronde par une structure en bois facilement escamotable en cas d’attaque. L’accès s’effectue désormais par l’extérieur en faisant le tour de la muraille.
Au niveau bas, de plan rectangulaire, subsistent une citerne et une salle défendue par cinq archères. Un escalier à vis, ménagé dans l’angle sud-ouest, accédait au premier étage. Autrefois voûtée sur croisées d’ogives, cette grande salle est éclairée par quatre fenêtres à coussiège. Elle comporte les traces d’une cheminée dans la hauteur du mur sud.
LA TOUR-MAÎTRESSE
Situé au nord-ouest du site, le logis-donjon comportait sans doute à l’origine au moins un étage supplémentaire et n’était accessible que par le premier étage. La porte haute que l’on distingue aujourd’hui côté cour était vraisemblablement reliée au chemin de ronde par une structure en bois facilement escamotable en cas d’attaque. L’accès s’effectue désormais par l’extérieur en faisant le tour de la muraille.
Au niveau bas, de plan rectangulaire, subsistent une citerne et une salle défendue par cinq archères. Un escalier à vis, ménagé dans l’angle sud-ouest, accédait au premier étage. Autrefois voûtée sur croisées d’ogives, cette grande salle est éclairée par quatre fenêtres à coussiège. Elle comporte les traces d’une cheminée dans la hauteur du mur sud.
LES VESTIGES DE L’ANCIEN CASTRUM CATHARE
Le château qui dominait autrefois le castrum cathare a entièrement disparu. Il a été remplacé par la forteresse que nous venons d’évoquer. Les fouilles, conduites de 1968 à 1990, ont permis de dégager des vestiges d’habitations sur les flancs nord et ouest du site.
Plus loin, côté est, le long de la crête rocheuse, apparaissent les traces de l’ancienne barbacane et du poste de surveillance du Roc de la Tour. C’est au pied de la barbacane que se déroulèrent les combats les plus violents du siège de 1244. Comme en atteste la découverte de nombreux boulets de pierre et traits d’arbalètes, mais aussi de deux squelettes percés de pointes de flèches retrouvés dans l’aven du Trébuchet. Ils sont aujourd’hui exposés au musée de Montségur, parmi les nombreux vestiges et objets témoignant des combats et du mode de vie des habitants du castrum.