puilaurens

Dominant un important carrefour naturel, à la croisée des plaines de l’Aude et des hautes montagnes du massif pyrénéen, Puilaurens est sans doute la mieux conservée des forteresses royales établies dans la région au cours du XIIIe siècle.

Son imposante silhouette crénelée a ainsi gardé toute sa hauteur, surgissant à 697 m d’altitude au sommet d’une crête abrupte, au-dessus des forêts de la vallée de la Boulzane. Le site se trouve sur la commune de Lapradelle-Puilaurens.

SITUATION PAYSAGÈRE ACTUELLE

Le château de Puilaurens occupe le sommet d’une crête calcaire très escarpée, à 697 m d’altitude, à la limite départementale de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, entre Fenouillèdes et Pays de Sault. Il surveille la vallée de la Boulzane, étroite vallée creusée par la rivière du même nom, barrée au sud par le défilé de la Folie et au nord par la crête rocheuse de Puilaurens. Cette vallée est aussi le croisement de deux voies aujourd’hui secondaires ; l’une, à l’ouest, permet l’accès vers Axat et, de là, vers Carcassonne ou Foix, l’autre, à l’est, passe à Aigues-Bonnes et débouche sur Fenouillet puis, de là, en Fenouillèdes et Roussillon.

Territoire de transition entre les plaines de l’Aude et les hautes montagnes du massif pyrénéen, les environs de Puilaurens profitent principalement d’un climat montagnard, mais sont également soumis aux influences méditerranéennes. Une diversité climatique à l’origine de trois types de formations végétales : la chênaie à chênes pubescents, la pinède à pins sylvestres et les hêtraies-sapinières qui s’étagent sur les reliefs. La vallée de la Boulzane est ainsi bordée, à l’ouest, par la forêt domaniale d’En Malo-Bac-Estable, au sud, par la forêt de Boucheville, et au nord, par la forêt des Fanges, ancienne forêt royale qui s’étend sur 1800 ha.

L’omniprésence des forêts constitue un des intérêts paysagers forts de ce territoire, formant un magnifique écrin verdoyant aux abords du château. Faiblement affecté par les activités humaines, l’environnement apparaît comme sauvage et naturel. Il n’en fut pourtant pas toujours ainsi : dans les années 1950-1960, les clichés montrent des paysages souvent pelés, victimes d’une surexploitation forestière, particulièrement intense au XIXe siècle. Les campagnes de reboisement et les mesures de protection dont bénéficient désormais les forêts ont redonné toute sa splendeur au patrimoine paysager.

situation paysagère du château de Puilaurens

HISTOIRE

Surveillant la vallée de la Boulzane et les cols permettant de passer dans la plaine de l’Agly, et au-delà en Roussillon, la puissante silhouette de Puilaurens témoigne sans équivoque de son rattachement au royaume de France dans la deuxième moitié du XIIIe siècle. Mais ses premiers pas dans l’histoire restent encore entourés d’un halo de mystères.

DES ORIGINES MONASTIQUES

Malgré une présence humaine attestée dans la vallée de la Boulzane depuis la fin du paléolithique, il faut attendre l’année 958 pour qu’apparaisse la première mention dans les textes du « mont Ardu » – ancien nom du piton sur lequel s’élèvent les ruines de Puilaurens. Celui-ci figure alors au rang des territoires concédés à la riche et influente abbaye de Saint-Michel-de-Cuixa (Pyrénées-Orientales), tout comme l’ensemble de la vallée de la Boulzane – dénommée alors vallée de la Sainte-Croix. Au tout début du XIe siècle, l’existence d’un premier site fortifié à Puilaurens semble être confirmée par une bulle du pape Serge IV évoquant, parmi les possessions de l’abbaye, « le castrum de Saint-Laurent avec l’église du même nom » (castrum Sancti-Laurenti cum eadem ecclesia).

Le château disparaît ensuite des sources durant près de deux siècles. Contrairement à la plupart des châteaux des Corbières, son nom ne figure en effet ni au rang des grandes lignées seigneuriales, ni dans les serments d’hommage féodaux, rares documents permettant aux historiens de se renseigner sur les possesseurs des châteaux. On peut donc supposer que Puilaurens resta sous la tutelle de l’abbaye de Cuixa durant toute cette période.

DES ORIGINES MONASTIQUES

Malgré une présence humaine attestée dans la vallée de la Boulzane depuis la fin du paléolithique, il faut attendre l’année 958 pour qu’apparaisse la première mention dans les textes du « mont Ardu » – ancien nom du piton sur lequel s’élèvent les ruines de Puilaurens. Celui-ci figure alors au rang des territoires concédés à la riche et influente abbaye de Saint-Michel-de-Cuixa (Pyrénées-Orientales), tout comme l’ensemble de la vallée de la Boulzane – dénommée alors vallée de la Sainte-Croix. Au tout début du XIe siècle, l’existence d’un premier site fortifié à Puilaurens semble être confirmée par une bulle du pape Serge IV évoquant, parmi les possessions de l’abbaye, « le castrum de Saint-Laurent avec l’église du même nom » (castrum Sancti-Laurenti cum eadem ecclesia).

Le château disparaît ensuite des sources durant près de deux siècles. Contrairement à la plupart des châteaux des Corbières, son nom ne figure en effet ni au rang des grandes lignées seigneuriales, ni dans les serments d’hommage féodaux, rares documents permettant aux historiens de se renseigner sur les possesseurs des châteaux. On peut donc supposer que Puilaurens resta sous la tutelle de l’abbaye de Cuixa durant toute cette période.

AU TEMPS DES CATHARES

Le nom de Puilaurens réapparaît dans l’histoire peu après le début de la croisade des Barons. En 1217, Pierre Cathala, premier châtelain de Puilaurens identifié avec certitude, figure comme témoin dans l’acte de soumission que Guillaume de Peyrepertuse fait à Simon de Montfort, chef des croisés. Se rebellant contre l’autorité royale, Guillaume occupe le château de Puilaurens, en 1229, avant de faire rapidement sa soumission définitive.

En 1242, fuyant l’inquisition, une petite communauté de « parfaits » et de « parfaites » trouve refuge à Puilaurens et y demeure à partir de 1243 sous la protection de Chabert de Barbaira, seigneur faidit qui commande également le château de Quéribus. L’année officielle de l’annexion de Puilaurens par le roi de France n’est pas connue, mais elle intervient probablement entre 1250 et 1255, date à laquelle Chabert de Barbaira remet le château de Quéribus à Louis IX.

FORTERESSE ROYALE

En août 1255, Saint Louis, décidant de réorganiser militairement la région, ordonne au sénéchal de Carcassonne de reconstruire le château de Puilaurens. Le traité de Corbeil, trois ans plus tard, entérine la suzeraineté française sur la région et porte Puilaurens à l’avant-poste de la nouvelle frontière avec le royaume d’Aragon. Cette même année 1258, la garnison se compose de vingt-cinq sergents d’armes commandés par un châtelain et servis par un chapelain.

Les travaux de reconstruction de la forteresse, menés selon le modèle architectural capétien, sont encore en cours en 1263, comme en atteste une lettre rédigée le 8 décembre par le châtelain Simon Cauda. Il reconnaît avoir reçu du sénéchal de Carcassonne « enclume, coins et masse » pour tailler la pierre, mais aussi « 13 000 carreaux d’arbalète, 18 boucliers, cinq chapeaux de fer », ainsi que de nombreux vivres : « six porcs salés, deux boisseaux de blé, six setiers de farine, un setier de sel », etc. Un ravitaillement conséquent destiné à assurer la protection de la forteresse en cas d’affrontement avec les troupes aragonaises.

En 1473, puis en 1495, ces dernières tenteront effectivement d’assiéger Puilaurens, en vain.

FORTERESSE ROYALE

En août 1255, Saint Louis, décidant de réorganiser militairement la région, ordonne au sénéchal de Carcassonne de reconstruire le château de Puilaurens. Le traité de Corbeil, trois ans plus tard, entérine la suzeraineté française sur la région et porte Puilaurens à l’avant-poste de la nouvelle frontière avec le royaume d’Aragon. Cette même année 1258, la garnison se compose de vingt-cinq sergents d’armes commandés par un châtelain et servis par un chapelain.

Les travaux de reconstruction de la forteresse, menés selon le modèle architectural capétien, sont encore en cours en 1263, comme en atteste une lettre rédigée le 8 décembre par le châtelain Simon Cauda. Il reconnaît avoir reçu du sénéchal de Carcassonne « enclume, coins et masse » pour tailler la pierre, mais aussi « 13 000 carreaux d’arbalète, 18 boucliers, cinq chapeaux de fer », ainsi que de nombreux vivres : « six porcs salés, deux boisseaux de blé, six setiers de farine, un setier de sel », etc. Un ravitaillement conséquent destiné à assurer la protection de la forteresse en cas d’affrontement avec les troupes aragonaises.

En 1473, puis en 1495, ces dernières tenteront effectivement d’assiéger Puilaurens, en vain.

RESTAURATION ET ABANDON

En 1595, le duc de Joyeuse, gouverneur du Languedoc, fait restaurer le château qui connaît alors de profondes transformations : adjonction de fortifications supplémentaires adaptées à l’arme à feu ; construction de bâtiments d’habitation dans la première enceinte et réaménagement d’une partie de la seconde enceinte. En 1615, Louis XIII autorise le châtelain, Henri Montsarat du Vivier, à couper 150 sapins dans les forêts royales pour des réparations du château. En 1637, Puilaurens est pris par les troupes espagnoles. La place est en effet sans défense : sa garnison s’est portée au secours des forces françaises qui défendent Leucate.

Après le traité des Pyrénées de 1659, qui repousse la frontière aragonaise au-delà du Roussillon, Puilaurens n’a plus d’intérêt stratégique : le château garde toutefois une garnison de dix hommes commandés par un gouverneur. Le site est abandonné aux premières années de la Révolution.

DESCRIPTION DU SITE

Contrairement aux autres forteresses des Corbières, Puilaurens ne semble pas avoir conservé d’éléments antérieurs à la conquête royale. Le château primitif fut probablement rasé lors de la reconstruction commandée par Louis IX en 1255. Les vestiges actuels datent donc essentiellement du dernier tiers du XIIIe siècle et des réaménagements effectués aux cours des XVIe et XVIIe siècles.

ACCÈS

Situé sur un promontoire rocheux ceinturé de versants abrupts, le château n’est accessible que par sa face sud. Du parking visiteur, un sentier rocailleux mène en 15 minutes sous les murailles du château. Mais encore faut-il, pour atteindre l’entrée, gravir l’impressionnante rampe en chicanes ménagée dans la faille du rocher. Bordés de neufs murets étagés, ces lacets formaient autant de pièges pour l’assaillant, à la merci des archers et arbalétriers postés sur les remparts et les tours supérieures. Avec le développement des armes à feu, les murets furent fortifiés au XVIe siècle et une barbacane, percée de meurtrières, aménagée en amont.

ACCÈS

Situé sur un promontoire rocheux ceinturé de versants abrupts, le château n’est accessible que par sa face sud. Du parking visiteur, un sentier rocailleux mène en 15 minutes sous les murailles du château. Mais encore faut-il, pour atteindre l’entrée, gravir l’impressionnante rampe en chicanes ménagée dans la faille du rocher. Bordés de neufs murets étagés, ces lacets formaient autant de pièges pour l’assaillant, à la merci des archers et arbalétriers postés sur les remparts et les tours supérieures. Avec le développement des armes à feu, les murets furent fortifiés au XVIe siècle et une barbacane, percée de meurtrières, aménagée en amont.

ENCEINTE INFÉRIEURE

L’enceinte inférieure s’organise autour d’une vaste cour, à laquelle on accède après avoir franchi la porte d’entrée, surmontée d’un assommoir, et une première courette.

Le tracé irrégulier de la grande cour épouse les contours du rocher, délimitant un vaste espace de 60 m sur 25 m environ. Les murailles ont conservé toute leur hauteur, de 8 à 10 m, et l’essentiel de leur crénelage, sans doute restauré au XVIe ou XVIIe siècle. Deux tours semi-circulaires rythment l’enceinte à l’est et au sud, toutes deux originellement ouvertes à la gorge – celle du sud est aujourd’hui obturée par un mur.

Sur le front nord, les vestiges d’un bâtiment d’habitation gardent la trace d’un accès partiellement enterré. Il dessert une citerne et une salle défendue par deux archères ; une étroite poterne surplombe les vestiges d’une seconde citerne, destinée à recueillir le trop-plein de la première.

Une deuxième poterne, percée au pied de la tour est, donne accès à une plate-forme extérieure, d’où l’on profite d’un large panorama sur le village de Puilaurens, la vallée de la Boulzane et au loin le massif du Canigou. L’occasion d’admirer également le parement extérieur de la tour est, en pierres à bossage.

ENCEINTE SUPÉRIEURE

Accolée au nord-ouest de la grande cour, l’enceinte supérieure est un réduit fortifié bâti au sommet du site et dominant la première muraille de quelques mètres. L’étude de ses différentes constructions témoigne d’importants réaménagements aux XVIe et XVIIe siècles.

Une passerelle mène à la porte d’entrée ouverte dans l’angle sud-est. Immédiatement en face, un couloir situé entre muraille et rocher mène à la tour Nord, ouverte à la gorge. Sur un côté de ce couloir s’ouvre un étroit boyau, aménagé dans le rocher, accédant à des galeries débouchant sur l’extérieur, à flanc de falaise. Celles-ci, fermées par des maçonneries, devaient servir de magasins ou de réserves.

En empruntant des escaliers, mis au jour lors des travaux, on arrive à une tour de plan quadrangulaire. Munie d’une cheminée et d’un placard, ce logis ne semble ne pas remonter au-delà du XVIe siècle.

Vers l’ouest, les remparts dominant les chicanes d’accès aboutissent à une tour circulaire parée de pierres à bossage côté extérieur, nommée « tour de la Dame Blanche » par la tradition locale. On raconte en effet, que Blanche de Bourbon, assassinée par son mari le roi de Castille, viendrait hanter les lieux pendant les pâles nuits, enveloppée de voiles blancs. Nulle trace de fantôme en tout cas dans la pièce inférieure de la tour, voûtée sur croisée d’ogives, mais deux archères et un étonnant conduit porte-voix, creusé dans la paroi, qui permettait la communication avec le niveau supérieur. À l’étage subsistent une fenêtre à coussiège et une porte.

Desservies par un escalier condamné par les travaux du XVIIe siècle, des latrines sont visibles dans la hauteur de la courtine nord, à peu de distance d’une citerne.

la forteresse en images

les autres forteresses

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