quéribus

Véritable nid d’aigle dressé à 728 m d’altitude sur un piton rocheux à l’extrême sud des Hautes-Corbières, le château de Quéribus surveille depuis des siècles la vaste plaine du Roussillon. Une position stratégique, aux confins des anciens royaumes de France et d’Aragon, qui lui a valu d’être promu forteresse royale par Louis IX au XIIIe siècle. Le site se situe sur la commune de Cucugnan.

SITUATION PAYSAGÈRE ACTUELLE

Le château de Quéribus s’élève sur un piton rocheux de 728 m, implanté sur la ligne de crête de la dernière barrière méridionale du massif des Corbières. La barrière calcaire, qui s’étire d’est en ouest de Tautavel au pic de Bugarach, forme la frontière naturelle entre Hautes-Corbières au nord et Fenouillèdes au sud, mais aussi entre les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Un territoire à la topographie tourmentée, issue du chevauchement des plaques tectoniques il y a quelques 65 millions d’années.

Gardant le Grau de Maury, rare passage dans la falaise, Quéribus domine au sud la vallée du Maury, où passait autrefois la frontière avec le royaume d’Aragon. Cette vallée est délimitée au sud par le massif du Fenouillèdes, avant-poste des Pyrénées, dont apparaissent au loin les sommets enneigés du Canigou, point culminant du Roussillon (2 785 m). Vers l’est s’ouvre la vaste plaine du Roussillon qui s’étend jusqu’à la mer Méditerranée. Au nord, côté Corbières, Quéribus protège la vallée de Cucugnan.

Cet exceptionnel panorama à 360°, qui porte à plus de 35 km de rayon, permet ainsi d’embrasser une grande diversité de paysages, alternant entre crêtes montagneuses, vallées viticoles encaissées, versants couverts de garrigue et boisements de chênes verts.

HISTOIRE

Impressionnant nid d’aigle dominant la plaine du Roussillon jusqu’à la mer Méditerranée, le château de Quéribus a longtemps défendu les terres du Sud avant de protéger celles du Nord, intégrée dans le réseau défensif du royaume de France au XIIIe siècle.

QUÉRIBUS, TERRE D’ARAGON

La première mention de Quéribus (Querbucio) apparaît en l’an 1020 dans le testament de Bernard Taillefer, comte catalan de Besalù, parmi les possessions qu’il lègue à son fils aîné Guilhem. En 1111, les domaines du comte de Besalù sont réunis à ceux du comté de Barcelone, puis intégrés au royaume d’Aragon en 1162, à la suite du mariage de Raymond Bérenger IV, comte de Barcelone, et de Pétronille, héritière de la couronne aragonaise. Quéribus devient, de fait, l’un des châteaux les plus septentrionaux du nouveau et puissant royaume aragonais.

QUÉRIBUS, TERRE D’ARAGON

La première mention de Quéribus (Querbucio) apparaît en l’an 1020 dans le testament de Bernard Taillefer, comte catalan de Besalù, parmi les possessions qu’il lègue à son fils aîné Guilhem. En 1111, les domaines du comte de Besalù sont réunis à ceux du comté de Barcelone, puis intégrés au royaume d’Aragon en 1162, à la suite du mariage de Raymond Bérenger IV, comte de Barcelone, et de Pétronille, héritière de la couronne aragonaise. Quéribus devient, de fait, l’un des châteaux les plus septentrionaux du nouveau et puissant royaume aragonais.

DERNIER BASTION DE LA RÉSISTANCE

Laissé à l’écart des affrontements des croisades de 1209 et 1226, Quéribus sera l’un des derniers châteaux des Corbières à tomber dans les mains du roi de France avec celui de Puilaurens. Après le traité de Meaux-Paris en 1229, et plus encore après l’échec de la révolte du vicomte de Trencavel en 1240, le château sert de refuge aux cathares et aux faidits, ces seigneurs languedociens dépossédés de leurs terres pour cause de soutien à l’« hérésie ».

L’un d’entre eux, Chabert de Barbaira, tient la place pour le compte du seigneur de Fenouillèdes, dans les années 1241-1242. Si le roi de France Louis IX décide alors d’assiéger Quéribus, c’est moins pour réduire ce « nid d’hérétiques » que pour assurer sa position face aux domaines de la couronne d’Aragon. L’opération est assurée par le sénéchal de Carcassonne, avec l’appui d’Olivier de Termes un des anciens compagnons faidits de Chabert qui s’est depuis rallié à Louis IX. Le siège dure moins d’un mois et, en mai 1255, Chabert de Barbaira remet le château au roi de France en échange de sa liberté.

AUX MAINS DU ROI DE FRANCE

Devenu forteresse royale, le château de Quéribus est doté d’une garnison composée d’un châtelain et de vingt sergents, et le roi fait ordonner la restructuration complète de la place afin de renforcer son rôle militaire. Ainsi agrandi et surmonté d’une fière tour-maîtresse, Quéribus peut désormais assurer pleinement son rôle de vigie sur la nouvelle frontière avec l’Aragon, fixée par le traité de Corbeil en 1258. Surveillant les lointains jusqu’à Perpignan et au littoral, il garde le Grau de Maury, un des rares passages de la falaise et forme le poste avancé de Peyrepertuse, situé à 4 km à vol d’oiseau au nord-ouest.

La domination du roi de France sur Quéribus se maintient au fil des années, comme en atteste la lettre de Charles V adressée en 1372 au châtelain, lui indiquant qu’« il est tenu de veiller jour et nuit dans notre château […], de [le] munir de vivres et de tout ce qui est nécessaire à [sa] garde et à [sa] défense. » En 1473, cependant, Quéribus est assiégé et repris par les troupes du roi d’Aragon. Louis XI mettra deux ans avant de reconquérir la place.

AUX MAINS DU ROI DE FRANCE

Devenu forteresse royale, le château de Quéribus est doté d’une garnison composée d’un châtelain et de vingt sergents, et le roi fait ordonner la restructuration complète de la place afin de renforcer son rôle militaire. Ainsi agrandi et surmonté d’une fière tour-maîtresse, Quéribus peut désormais assurer pleinement son rôle de vigie sur la nouvelle frontière avec l’Aragon, fixée par le traité de Corbeil en 1258. Surveillant les lointains jusqu’à Perpignan et au littoral, il garde le Grau de Maury, un des rares passages de la falaise et forme le poste avancé de Peyrepertuse, situé à 4 km à vol d’oiseau au nord-ouest.

La domination du roi de France sur Quéribus se maintient au fil des années, comme en atteste la lettre de Charles V adressée en 1372 au châtelain, lui indiquant qu’« il est tenu de veiller jour et nuit dans notre château […], de [le] munir de vivres et de tout ce qui est nécessaire à [sa] garde et à [sa] défense. » En 1473, cependant, Quéribus est assiégé et repris par les troupes du roi d’Aragon. Louis XI mettra deux ans avant de reconquérir la place.

LE FEU AUX POUDRES

Au cours des XVe et XVIe siècles, plusieurs réaménagements d’importance vont être entrepris à Quéribus afin de répondre aux progrès de l’artillerie. L’adaptation de la forteresse aux armes à feu se traduit notamment par l’ajout (ou le remaniement) des deux premières enceintes. Percées de canonnières, elles sont également arrondies aux angles pour assurer une meilleure résistance aux boulets de canon. La tour-maîtresse elle-même est rabaissée pour offrir moins de surface de tir et doublée d’un épais chemisage de pierre qui lui confère aujourd’hui sa forme polygonale.

En 1659, le traité des Pyrénées, qui cède le Roussillon à France, fait perdre au château tout intérêt stratégique. Dépourvu d’entretien, il tombe en ruines ; seule la tour-maîtresse demeure habitable si l’on en croit un document de 1685. Une garnison y sera toutefois maintenue jusqu’à la Révolution.

DESCRIPTION DU SITE

Le chemin d’accès, partant du Grau de Maury, s’élève jusqu’au col situé au sud-est, puis s’infléchit à l’ouest en direction des premiers murs de défense construits en chicane. Il se termine par de larges escaliers au pied de la porte d’entrée. Dressée en paliers sur le piton rocheux, la forteresse se compose de trois enceintes successives, se commandant l’une l’autre, et d’un imposant donjon juché au sommet.

première enceinte du château de Quéribus

LA PREMIÈRE ENCEINTE

L’enceinte basse forme un enclos de dimension moyenne, protégé à l’ouest par une muraille percée de meurtrières et au sud par l’à-pic du rocher. Mention particulière doit être faite du mur-bouclier.

De construction tardive (XVe ou XVIe siècle), il est défendu par des canonnières et orné de boulets de pierre encastrés, témoins de l’abandon des catapultes à cette époque, au profit des armes à feu.

La porte d’entrée, surmontée d’un assommoir, s’ouvre sur un escalier battu par les vents.

LA PREMIÈRE ENCEINTE

L’enceinte basse forme un enclos de dimension moyenne, protégé à l’ouest par une muraille percée de meurtrières et au sud par l’à-pic du rocher. Mention particulière doit être faite du mur-bouclier. De construction tardive (XVe ou XVIe siècle), il est défendu par des canonnières et orné de boulets de pierre encastrés, témoins de l’abandon des catapultes à cette époque, au profit des armes à feu. La porte d’entrée, surmontée d’un assommoir, s’ouvre sur un escalier battu par les vents.

LA DEUXIÈME ENCEINTE

La deuxième enceinte, de petite dimension également, abrite une vaste salle qui devait servir à loger une partie de la garnison et que les textes du XVIIe siècle mentionnent sous le nom de « caserne ». Les arcatures encore visibles attestent de la présence d’un étage.

Face à ce bâtiment, au pied de la troisième enceinte, apparaissent les vestiges d’une ancienne citerne en partie excavée dans le rocher. La forteresse en possédait plusieurs, étagées en cascade sur la pente, permettant la récupération optimale des eaux de pluie.

LA TROISIÈME ENCEINTE

Accessible par une porte défendue par une bretèche, la troisième enceinte est de loin la plus importante. Elle s’organise autour d’une cour cernée de bâtiments au sud et à l’ouest, et de la tour-maîtresse à l’est. La première salle voûtée en partie taillée dans le rocher, semble avoir servi de poudrière. Si les gros blocs de pierre soigneusement taillés témoignent d’une première construction d’époque royale, la voûte fut en effet ajoutée au XVe ou XVIe siècle afin probablement de stocker la poudre en toute sécurité, et ce à l’endroit le plus protégé du château. La présence de deux larges fenêtres assurant la ventilation confirme cette hypothèse. La seconde salle voûtée abrite une citerne. Côté sud se dressent les vestiges du corps de logis, qui comportait à l’origine plusieurs étages.

LA TROISIÈME ENCEINTE

Accessible par une porte défendue par une bretèche, la troisième enceinte est de loin la plus importante. Elle s’organise autour d’une cour cernée de bâtiments au sud et à l’ouest, et de la tour-maîtresse à l’est. La première salle voûtée en partie taillée dans le rocher, semble avoir servi de poudrière. Si les gros blocs de pierre soigneusement taillés témoignent d’une première construction d’époque royale, la voûte fut en effet ajoutée au XVe ou XVIe siècle afin probablement de stocker la poudre en toute sécurité, et ce à l’endroit le plus protégé du château. La présence de deux larges fenêtres assurant la ventilation confirme cette hypothèse. La seconde salle voûtée abrite une citerne. Côté sud se dressent les vestiges du corps de logis, qui comportait à l’origine plusieurs étages.

LA TOUR-MAÎTRESSE

Construction polygonale massive dressée au sommet du piton rocheux, la tour-maîtresse du château illustre clairement les différentes phases de construction de la forteresse. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer sa face sud. Les pierres grossières et les archères qui rythment le bas de la tour appartiennent au château primitif. La petite porte surmontée d’un assommoir (à gauche) et la tour de l’escalier à vis (à droite) sont le reflet évident du modèle défensif royal. En contradiction complète avec cette vocation défensive, les deux larges baies percées dans la façade supposent un réaménagement ultérieur.

Le développement de l’artillerie aux XVe-XVIe siècles obligea également à réduire la taille du donjon et à doubler ses murs afin de le rendre moins vulnérable aux tirs de canons.

La plus belle partie de la tour est sans conteste la salle du pilier, superbe pièce voûtée en palmier, dont les quatre croisées d’ogive reposent sur un imposant pilier de pierre. Signe d’élégance de l’architecture gothique, cette technique permettait avant tout d’assurer la solidité de ce haut bâtiment, édifié sur les bords même de l’abîme. D’une hauteur qui semble aujourd’hui démesurée, la salle était en réalité composée de deux étages, séparés par un plancher reposant au niveau de la base octogonale du pilier. À l’étage supérieur se trouvait le logis du châtelain, belle salle d’apparat chauffée par une cheminée, dont subsistent les traces dans le mur occidental. Le niveau inférieur servait d’espace de stockage et témoigne d’une construction antérieure à la période royale.

La terrasse du donjon, dont les parapets massifs sont percés par trois canonnières, dévoile une vue spectaculaire sur les environs.

On terminera la visite dans les souterrains qui aboutissent à une caponnière, petit bastion défensif destiné à protéger le flanc est du château.

la forteresse en images

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